Identifier si un patient présente un trouble anxieux ou une pathologie organique est l’un des défis majeurs en consultation. Selon l’OMS, un trouble anxieux touche près de 264 millions de personnes chaque année dans le monde, avec des manifestations cliniques souvent trompeuses (OMS, 2022). Des études en médecine générale estiment que jusqu’à 40% des patients consultant pour des plaintes somatiques (palpitations, douleurs thoraciques, asthénie, etc.) présentent en réalité une cause anxieuse, sans lésion organique identifiable (Sartorius et al., Br J Psychiatry, 2007).
Un diagnostic inadéquat retarde la prise en charge adaptée et multiplie les examens inutiles, source d’anxiété, de coûts et parfois d’effets iatrogènes. Maîtriser les critères distinctifs est donc fondamental pour orienter la stratégie diagnostique et thérapeutique.
Les symptômes anxieux et organiques se recoupent fréquemment : douleurs thoraciques, dyspnée, palpitations, céphalées, troubles digestifs… Seule l’analyse fine du terrain, de l’évolution dans le temps et des facteurs associés permet de faire la part des choses.
Certains troubles anxieux s’expriment par des manifestations physiques très convaincantes. À l’inverse, certaines organopathies démarrent de façon insidieuse, sur fond d’un contexte anxieux.
Un interrogatoire rigoureux et la réévaluation régulière restent l’outil le plus fiable pour sortir des impasses diagnostiques.
Le risque médico-légal de « passer à côté » d’une pathologie organique grave impose de toujours garder à l’esprit le principe de « diagnostic d’exclusion » : un trouble anxieux ne doit être retenu que si l’ensemble des investigations appropriées a permis d’écarter une cause organique.
Des outils validés en soins primaires existent pour faciliter l’identification des troubles anxieux face à des signes cliniques non spécifiques.
Ces questionnaires standardisés complètent l’examen clinique, mais ne remplacent pas l’analyse contextuelle ni le suivi longitudinal.
Identifier avec certitude une origine anxieuse ou organique n’est pas toujours immédiat. Une démarche structurée, centrée sur l’écoute et la réévaluation, optimise la précision diagnostique et réduit le risque de « diagnostic perdu ». Le dialogue avec le patient, la mobilisation d’outils validés et le recours raisonné aux examens complémentaires restent incontournables pour distinguer l’anxiété d’une pathologie organique sous-jacente.