Les infections urinaires (IU) sont parmi les motifs les plus fréquents de consultation en médecine générale. En France, on estime à plus de 3 millions le nombre de cystites par an chez les femmes jeunes (HAS). Si la majorité sont bénignes, la détection des formes compliquées reste essentielle pour adapter la prise en charge, prévenir les complications et éviter une antibiothérapie inadaptée.
Alors qu’une infection urinaire simple concerne généralement une femme immunocompétente, non enceinte, sans anomalie anatomique ni facteur de risque de complication, une infection urinaire compliquée implique la présence d’éléments modifiant le pronostic ou la probabilité d’évolution défavorable.
Le tableau de la cystite aiguë simple est caractéristique :
Il est à noter l’absence de signes généraux (fièvre, frissons, altération de l’état général) dans la majorité des cas. L’inconfort local est prédominant. La douleur lombaire, la fièvre ou les vomissements orientent d’emblée vers une forme non simple.
Une infection urinaire est dite compliquée dès lors que le terrain ou la présentation clinique sort du cadre habituel :
Dans ces contextes, la symptomatologie peut être atypique, notamment chez la personne âgée où l’infection urinaire peut se manifester par un syndrome confusionnel aigu, une chute inexpliquée ou un trouble comportemental (HAS).
La pyélonéphrite aiguë reste l’exemple classique de forme compliquée d’infection urinaire.
Attention : La pyélonéphrite peut survenir sans symptômes urinaires francs, notamment chez la femme enceinte ou le sujet âgé (SFMU).
Toute infection urinaire compliquée ou sur terrain à risque doit être recherchée et classée selon la présence de signes de gravité, nécessitant un avis spécialisé ou une hospitalisation :
La survenue de septicémie est un risque non négligeable dans les formes compliquées. A ce titre, le sepsis d’origine urinaire représente environ 25 % des causes de sepsis communautaire en France (SFMU).
La présentation est souvent trompeuse. A la plainte urinaire classique peuvent s’ajouter :
Chez ce groupe, le diagnostic d’infection urinaire ne doit pas s’appuyer sur la bandelette urinaire seule, du fait du risque de colonisation asymptomatique (HAS).
Toute infection urinaire chez l’homme est réputée compliquée.
Le risque de complications materno-fœtales justifie une vigilance accrue.
Reconnaître rapidement les symptômes permettant de distinguer une infection urinaire simple d’une complication engage le pronostic et la sécurité du patient. Au-delà des critères classiques, l’écoute attentive du patient, la connaissance du terrain et l’évaluation du contexte restent les piliers d’une médecine efficace, sur-mesure et évolutive. Les recommandations actualisées permettent d’éviter surconsommation antibiotique et retards diagnostiques, tout en rappelant que la clinique, bien conduite, guide plus de 90 % des décisions initiales (Cochrane Review).
Adapter l’enquête et la prise en charge à chaque situation est une compétence à entretenir, au cœur de la pratique clinique au quotidien.